Définition de l'adage : Quelle est la signification de l'adage ?

L'adage est un nom masculin provenant du latin adagium - On peut le définir comme une :
- Énonciation brève et frappante d'une règle de conduite, empruntée au droit coutumier ou écrit (par exemple Nul n'est censé ignorer la loi) ou encore
- Énonciation courte facilement mémorisable rendue crédible par son utilisation ancienne et qui relate un certain fait important tiré d'une expérience considérée vraie par la majorité. Souvent confondu avec le dicton, la maxime, la citation ou le proverbe : Pour simplifier l'adage est une sentence populaire. Il est vrai que l'adage peut être confondu avec ses proches voisins : apophtegme - aphorisme - dicton - maxime - précepte - proverbe - sentence car il est très souvent défini comme une maxime ancienne et populaire.

A ne pas confondre avec l'adage de l'italien adagio en rapport avec des exercices lents, exécutés en fin de la leçon de danse et destinés à parfaire l'équilibre et la ligne des mouvements des danseurs. Première partie du pas de deux.

Quelques adages

Quelques exemples de maximes de portée pratique, largement répandues, empruntées au droit ancien coutumier ou écrit. Par extension. Proverbe ancien. La sagesse des nations s’exprime volontiers par adages. L'expression ne parler que par adage signifie affecter un ton sentencieux.

  • « Nul n'est censé ignorer la loi »
  • « Si tu veux la paix, prépare la guerre » Si vis pacem, para bellum
  • « A beau mentir qui vient de loin. »
  • « Qui aime bien châtie bien » Proverbe ancien
  • « Le mort saisit le vif »

Citations avec le mot adage

Il n’a guéres d’usage qu’en plaisanterie, & dans cette phrase. On dit en commun adage. On appelle Les Adages d’Erasme, Un Recueil qu’Erasme a fait des Proverbes de la Langue Grecque & de la Langue Latine. On dit également C’est un vieil adage.

  • « Adage. Sagesse désossée pour dents branlantes.» Ambrose Bierce (Meigs County, Ohio, 1842-Mexico 1914)
  • « Entre amis, tout est commun » On trouve ce proverbe chez Euripide dans Oreste
  • « Soigner le mal par le mal » Hérodote, au livre III : Ne guéris pas le mal par le mal !
  • “Je tiens un loup par les oreilles” Cet adage se trouve dans le Phormion de Térence

Les adages célèbres

Les adages les plus célèbres sont : « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois » (« In regione caecorum, rex est luscus »), « juste ce qu'il faut » (« Ne quid nimis »), « l'habit fait l'homme » (« vestis virum facit »), « qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent » (« oderint, dum metuant »), « c'est toujours la même chanson » (« cantilenam eandem canis »), « vivre au jour le jour » (« in diem vivere »), « avoir un pied dans la tombe » (« alterum pedem in cymba Charontis habere », littéralement « avoir l'autre pied dans la barque de Charon »), « ravages du temps » (« vitiat lapidem longum tempus », littéralement « longueur du temps ronge la pierre »), « laisser la proie pour l'ombre », « en son âme et conscience », « l'habitude est une seconde nature », « décrocher la lune », « quand on parle du loup » (« lupus in fabula »), « très peu pour moi », « Voter avec ses pieds », « aussitôt dit, aussitôt fait », « aide-toi le ciel t'aidera », « soigner le mal par le mal », « connais-toi toi-même » (« Nosce te ipsum »), « être dans le même bateau » (« In eadem es navi »), « bon gré, mal gré » (« Nolens, volens »), « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », « tondre un chauve »


Recueil d'adages par Erasme

Les Adages (latin Adagia) sont un recueil d'adages grecs et latins, compilés par Érasme, célèbre humaniste néerlandais de la Renaissance, accompagnés d'un bref commentaire. La première édition est publiée sous le titre Collectanea Adagiorum à Paris en 1500. Devant son succès, 16 éditions paraissent du vivant d'Érasme qui les augmente à dix reprises (de 820 adages en 1500 à 4 151 en 1536 dans l'édition de Bâle). L'ouvrage en tant que trésor de la sagesse antique s'appliquant à la vie moderne reste un best seller tout au long du XVIe siècle, jusqu'à sa mise à l'Index en 1559 par le concile de Trente qui le juge trop subversif

Ces Adages, publiés en 1500 à Paris, connurent un tel succès que les imprimeurs se bousculèrent pour les rééditer, si bien qu'il en parut 16 éditions du vivant d'Érasme (1466-1536). Elles furent revues et augmentées par lui à dix reprises. On passa ainsi de 820 adages (1500) à 4 151 (1536). L'ouvrage resta un best seller tout au long du XVIe siècle, jusqu'à sa mise à l'Index par le concile de Trente (1559).
Les Adages sont les notes de lecture d'Érasme, tirées de l'ensemble de la littérature antique à laquelle il pouvait avoir accès — c’est-à-dire la quasi-totalité. Nous avons donc affaire à un choix de citations commentées. Combien? Sans doute une vingtaine de mille au total. Leur choix se déroule sans autre ordre que le fil des lectures et les associations d’idées d’Érasme. Il concevait ce recueil comme une collection de modèles d’élégance de style, de formules « bien frappées » riches de sens métaphorique, qu’il commentait avec humour. Ses commentaires vont de la remarque anecdotique d’une ligne (adage 367: « Tu recolles un œuf ») jusqu’au traité moral et politique d’une cinquantaine de pages contre les papes guerriers (adage 3301: « La guerre est douce à ceux qui n’en ont pas l’expérience »). Les humanistes ne s’y trompèrent pas en en faisant leur livre de chevet, au même titre que les Élégances de Lorenzo Valla. Les adages fleurissent en effet à chaque page des meilleurs auteurs de l’époque, depuis Hutten jusqu’à Montaigne. Les professeurs par la suite y trouvèrent une mine de règles de style à faire étudier à leurs élèves (tel l’adage: Ut sementem feceris, ita metes « Tu récolteras ce que tu as semé », qui figure encore dans les grammaires latines actuelles).
En somme, les Adages d'Erasme constituent une voie royale d’accès à la littérature gréco-latine. Érasme fut sans doute le meilleur connaisseur et vulgarisateur de cette littérature que l’Europe ait connu. Il nous livre ici une œuvre à la fois érudite et distrayante, apte à réconcilier les modernes avec la culture antique.


Ce qu’est un adage selon Erasme


Selon la définition de Donat, un adage est « un proverbe approprié à des faits et des circonstances ». Diomède, lui, le définit decette manière :« Un adage est le réemploi d’un proverbe courant, approprié aux faits et aux circonstances, quand il signifie autre chose que ce qu’il dit». Chez les auteurs grecs, on trouve diverses définitions. Certains le décrivent ainsi : « Un proverbe est un propos utile pour conduire sa vie, d’une obscurité relative, et qui renferme en soi un grand profit ». D’autres le définissent de cette façon :« Un proverbe est un propos qui dissimule une évidence ». Il ne m’échappepas qu’existent de nombreuses autres définitions de l’adage chez les Latins et les Grecs, mais je n’ai pas jugé utile de les rapporter toutes ici. Cela tient d’une part à ce que, dans cet ouvrage, mon premier dessein est de me conformer autant que possible à la concision qu’Horace attend de celui qui enseigne ;d’autre part ces définitions chantent pour ainsi dire le même refrain et enreviennent au même point ; et, surtout, on n’en trouve aucune dans la multitude qui embrasse assez bien l’essence et la nature du proverbe pourn’avoir rien de redondant ou de partiel. [...]

Mais c’est une chose de célébrer l’adage, d’en montrer la meilleure sorte,et une autre de définir sa nature. Selon moi, avec la permission des grammairiens, il me semble pouvoir définir l’adage ainsi, de manière complète et appropriée à mon dessein : un adage est une parole relevant de l’usage commun,caractérisée par la nouveauté subtile du tour ;« parole »représente le genre,« relevant de l’usage commun », sa particularité, et « caractérisée par la nouveauté subtile du tour », sa propriété spécifique. Les dialecticiens disent en chœur qu’une définition parfaite se compose de ces trois parties : les voilà servis !

De l’essence de l’adage et de ses limites.
Deux éléments appartiennent donc en propre à la nature du proverbe : il est connu de tous, et on le cite couramment. Second point : il doit témoigner d’une certaine recherche, de façon à se distinguer par une marque quelconque du discours ordinaire. Il ne s’ensuit pas, en effet, que j’aie fait entrer dansmon catalogue tout ce qui est répandu dans la langue familière ou renouvelé par une figure de style ; mais pour ce qui se recommande tant par l’antiquité que par le savoir, oui, je l’ai fait : c’est ce que j’appelle « recherché ». [...]


Ce qui donne au proverbe son originalité
Nous avons déjà parlé de l’originalité, et c’est loin d’être un problème simple. Je n’aborderai que les figures les plus fréquentes qu’il prend. Il y a presque toujours une métaphore mais celle-ci joue plusieurs rôles : l’allégorie n’est pas moins fréquente, même si pour certains elle est aussi une sorte de métaphore. Parfois, l’adage touche presque à l’énigme qui, selon Quintilien, n’est rien d’autre qu’une allégorie particulièrement obscure, comme « La moitié est plus que le tout ». Parfois le caractère allusif confère de l’attrait à unadage, comme dans : « Frappe ainsi », ou « Quand deux hommes marchent ensemble », ou encore :Ce qu’il est advenu chez toi de bon et de mauvais. De temps à autre, c’est la valeur propre du mot qui lui donne l’aspect d’un proverbe, comme « un immense malheur ». Il arrive parfois que l’ambiguïté même donne du charme au proverbe. [...]
Enfin on trouvera dans les adages toutes les formes de geloïon, c’est-à-dire toutes les formes de comique. Mais en faire une liste complète semblerait fastidieux. Cependant j’en dirai davantage plus tard sur les figures de style des proverbes. [...]Et si l’adage nous semble une bagatelle, rappelons-nous qu’il faut l’estimer non pour sa taille mais pour sa valeur. Quel homme sain d’esprit ne ferait pas plus grand cas de petites pierres précieuses, si minuscules soient-elles,que d’énormes rochers ? Et de même que, suivant en cela Pline, les miracles de la nature sont plus grands dans les êtres vivants de petite taille (comme une simple araignée ou un moustique), que dans l’éléphant (pourvu qu’ony regarde d’assez près), de même en littérature les plus petits genres recèlent parfois le comble du génie. De la grande utilité de connaître les adages. La connaissance des adages conduit en particulier à quatre choses, parmi une foule d’autres : à la philosophie, à la capacité de persuader, à la beauté et grâce du discours, à la compréhension des meilleurs auteurs. [...]. Aristote estime que les adages ne sont rien d’autre que les reliques d’une antique philosophie, disparue lors des plus terribles catastrophes de l’histoire humaine. On les a conservées en partie pour leur concision et leur brièveté,en partie pour leur enjouement et leur charme : c’est pourquoi nous les considérons d’un œil, non pas nonchalant ni endormi, mais particulièrement attentif et scrutateur. Ce sont en effet, dirait-on, comme les étincelles d’une vieille sagesse qui fut bien plus clairvoyante dans sa quête de la vérité que les philosophes qui ont suivi. [...]


Jusqu’à quel point user des adages
J’indiquerai par conséquent jusqu’à quel point et dans quelle mesure il convient d’user des adages. Et en premier lieu il faudra se rappeler d’observer nous-mêmes, dans l’utilisation des adages, le précepte élégant d’Aristote,dans son traité sur la Rhétorique, sur l’emploi des épithètes : à savoir de ne pas en user comme d’aliments, mais comme de condiments, c’est-à-dire non pas à satiété, mais pour l’agrément. Nous ne devons pas, en outre, les insérer n’importe où : car de même qu’il serait ridicule d’incruster une pierre précieuse en certains endroits, il serait aussi absurde d’employer un adage à un moment incongru. [...]

Les Adages sont des citations des meilleurs auteurs grecs et latins, choisies et commentées par le plus fin connaisseur que l’Europe ait connu. Ils sont rédigés avec l’ironie et l’élégance dont Érasme était le maître incontesté. Pour le lecteur cultivé — autant que pour le débutant— ils constituent la voie royale d’accès à la littérature antique.